Quelques instants après avoir reçu, ce 31 janvier, à la Casa de las Américas, la médaille Haydée Santamaria, qui lui a été décernée par décret présidentiel, l'écrivaine et activiste étasunienne Alice Walker a fait référence à l'exemple de cette jeune Haydée [Santa Maria] qui, voyant les yeux de son frère, arrachés par les sbires de la dictature de Batista, avait déclaré que s'il n'avait pas parlé, elle non plus, ne parlerait pas.

« L'attitude d’Haydee est une référence pour aller de l'avant en ce moment », a déclaré l'auteure du roman La couleur pourpre, qui a également avoué qu’elle s’estimait heureuse d'être venue à Cuba si souvent et d’avoir constaté que ce pays ne se rend pas. Son peuple et ses rêves seront éternels. « Nous irons de l'avant et nous triompherons », a-t-elle dit.

Parmi les raisons invoquées pour décerner cette médaille à Alice Walker - sur proposition du ministre cubain de la culture, Alpidio Alonso – figurent l'appel constant de la lauréate du prix Pulitzer en faveur de la levée du blocus imposé par les États-Unis à l'Île et son travail pour encourager les liens avec notre peuple, fondés sur la fraternité et la solidarité dans les domaines culturel et politique.

Les mérites de ses œuvres littéraires, dans lesquelles elle a abordé avec honnêteté les questions d'inégalité raciale et de genre, ont également été soulignés.

Devant la délégation d'environ 70 Étasuniens en visite à Cuba, dans le cadre des activités de l'organisation culturelle progressiste Busboys and Poets, basée à Washington, la poétesse et essayiste Nancy Morejon, lauréate du prix national de Littérature, a souligné le caractère indomptable d’Alice Walker et sa vie consacrée à la lutte pour un monde meilleur et en faveur du rapprochement entre les peuples.

À cette occasion, l'influence de Walker sur les écrivains cubains à travers sa littérature et son engagement civil, ainsi que ses longues années de dévouement à la cause palestinienne, ont été également salués.

« Alice est dans sa maison, la maison de tous », a déclaré Nancy, qui a ajouté qu'il ne s'agissait pas d'une simple rencontre, car les deux peuples forment une famille, et c'est précisément la concrétisation du projet culturel de la Casa de las Américas.

Les visiteurs ont reçu une explication détaillée des programmes et des lignes d’action de l'institution, par le biais de certains de ses professionnels et collaborateurs, parmi lesquels Luisa Campuzano, Zuleica Romay et Victor Fowler. Le ministre de la culture et Abel Prieto, président de la Casa de las Américas, étaient présents dans l’auditorium.

L'héritage de Fidel, l'alphabétisation et la bataille culturelle, ainsi que la relation avec Porto Rico, ont été abordés lors du dialogue, au cours duquel les membres de la délégation ont demandé comment ils pouvaient contribuer à faire tomber les barrières.

Jaime Gomez, vice-président de ce centre culturel, les a invités à se considérer comme faisant partie des efforts de la Casa, car, comme le disait Haydée, ses véritables travailleurs, ce sont les artistes du continent.